La pénurie de main-d’oeuvre est devenue l’enjeu majeur des entreprises québécoises en pleine expansion. On sait que le manque de personnel est un frein au développement d’une entreprise. C’est dans ce contexte qu’embaucher un travailleur étranger au Québec devient une solution évidente. On ne dit pas que c’est la solution, mais c’en est une parmi tant d’autres.
Il faut préciser que c’est différent de ce que la province a connu depuis des années. Auparavant, recruter à l’étranger signifiait d’embaucher des travailleurs saisonniers dans le domaine de l’agriculture. On parle généralement de Mexicains qui viennent pendant la saison estivale et repartent chez eux par la suite. À présent, c’est un tout autre contexte. Un travailleur étranger temporaire vient travailler pour une compagnie donnée pendant une période déterminée (un an, deux ans ou trois ans). Généralement, l’objectif de cette relation employé-employeur est qu’elle dure à moyen, voire à long terme.
Les faits
Selon une étude de la BDC (Banque de Développement du Canada) 39 % des PME ont du mal à embaucher de nouveaux employés. Cette information n’est pas un « scoop » en tant que tel, mais ce qui fait froid dans le dos c’est que ce problème va persister pendant 10 ans. On ne parle pas de suppositions, ni de déductions, mais de faits réels. Ceci est basé sur des chiffres de Statistique Canada où on perçoit nettement le déclin du taux de croissance de la population active.
Les craintes ou le risque
En engageant un travailleur étranger, on va certainement se poser des questions. Ces questions, on n’y aurait peut-être jamais pensé en engageant un travailleur québécois. Pourtant, et nous essaierons d’y répondre plus loin, ces interrogations devraient toujours se poser. Elles sont légitimes, vu l’investissement et le temps d’attente que notre adorable gouvernement nous inflige (9 à 12 mois pour la totalité du processus). Oui, il ne faut pas se tromper. En même temps, si on ne fait rien, le statu quo risque d’avoir de plus lourdes conséquences. Essayons donc de répondre à ces inquiétudes sans trop s’alarmer.
Va-il être un bon travailleur?
Certainement qu’on ne va pas répondre à cette question par un oui ou par un non. En effet, cela dépend de plusieurs paramètres, tels que le processus, le pays de recrutement et la capacité de l’entreprise à intégrer et à former à l’interne ses ressortissants étrangers. Ce qu’on peut confirmer par contre, c’est qu’on a à faire à des travailleurs hyper motivés. Ces derniers vont tout mettre en oeuvre pour réussir leur intégration et essayer d’être de meilleurs travailleurs. Ce sont des gens qui ont pris la décision de quitter leur pays natal, leur famille, parfois même leur femme et enfants. Leur but : s’installer, vivre et travailler ici au Québec, même à -30°, alors qu’il fait beau dans leurs pays la plupart du temps. Il faut avouer que ce taux de motivation est difficile à trouver de nos jours au Québec.
Le travailleur étranger quittera-t-il prématurément mon entreprise?
De manière générale, la rétention de main-d’oeuvre dépend de l’entreprise, du candidat et du domaine d’activités. Dans ce cas précis, vu le statut de travailleur étranger temporaire, il y a de fortes chances que votre membre d’équipe reste au moins deux à trois ans. La première année, le travailleur n’a pas le choix. S’il veut rester au Québec, celui-ci devra travailler pour votre entreprise. Effectivement, légalement il n’a pas le droit de travailler pour un autre employeur. Passé un an, le travailleur étranger temporaire (TET) peut déposer sa demande de résidence permanente qui lui permettra d’habiter et de travailler où bon lui semble au Québec. La procédure pour l’obtention de la résidence permanente requiert 17 mois d’attente à partir de l’arrivée de l’immigrant en sol canadien. Donc, techniquement votre TET travaillera dans votre entreprise 1 an + 17 mois, minimum.
Deux cas possibles
Ceci n’est pas définitif, car deux cas de figure, rares, mais possibles, peuvent se présenter. Premier cas de figure : à la fin de son contrat de travail de un an, le salarié peut se faire aborder par un concurrent, et d’un commun accord, faire les démarches pour un permis de travail avec cette nouvelle entreprise. C’est le plus inhabituel des deux cas. Un TET ne prendra pas ce risque, c’est-à-dire mettre en péril sa présence et résidence légale au Québec. Pour un 2 $ /h ou 3 $ /h de plus, le risque de tomber entre deux chaises n’en vaut pas la peine.
Deuxième cas : le salarié étranger démissionne et retourne vers son pays d’origine. On parle souvent d’investissements du côté de l’employeur pour faire recruter un travailleur étranger, mais on oublie que c’est également une dépense pour le travailleur étranger qui immigre au Québec. Il paiera des frais tels que : visa, examen médical, billet d’avion, démarches d’installation (achat de meubles, permis de conduire), etc. De plus, cette personne a démissionné de son travail précédent, où elle avait une ancienneté de 10 ans dans certains cas. A quitté sa famille pour laquelle elle doit assumer les dépenses (loyer, nourriture). Est partie de son pays où elle avait ses repères. Est passée par plus de cinq étapes de recrutement (dans le cas des candidats recrutés par Vitae) et a attendu neuf mois la décision du gouvernement. Pour que ce travailleur décide de vous quitter, il faut que ce soit un sacré cas particulier.
L’investissement en vaut-il la peine?
Vu l’investissement que représentent les démarches de recrutement du TET pour l’employeur, il faudra que le candidat reste au minimum 1 an afin que ce soit rentable. Plus ce dernier reste, plus c’est intéressant, c’est certain.
Il faut savoir qu’avec les frais d’agence, les frais gouvernementaux et le billet d’avion (dans certains cas seulement) les coûts peuvent varier de 10 000 à 15 000 $. Pour les agences qui affichent des prix plus bas, soyez vigilants. Il risque de s’agir d’une affaire comme celle de la firme engagée par le CISSS pour recruter 36 Tunisiens préposés aux bénéficiaires.
Les avantages
En conclusion, bien qu’à première vue il peut paraître risquer d’embaucher un travailleur étranger temporaire au Québec, ce peut être une option avantageuse à envisager. Rappelons les points suivants :
- Le travailleur étranger temporaire est lié à votre entreprise par son permis de travail. Il n’a pas le droit de travailler pour une autre entreprise (à moins que celle-ci refasse les même démarches pour lui faire un autre permis de travail);
- L’objectif principal de ces travailleurs est d’avoir leur résidence permanente et éventuellement devenir citoyen canadien. En ce qui concerne Vitae, 50% des postulants disent avoir déjà pensé à immigrer au Canada ou entamé des démarches d’immigration (qu’ils ont dû arrêter par manque d’argent). 90% des postulants disent que vivre au Canada est un rêve pour eux, en réponse à la question « Pourquoi le Canada? ». Pour atteindre cet objectif, ils doivent résider et travailler pendant au moins un an, puis déposer leur demande de résidence permanente. Cette démarche prendra 17 mois. Pour une fois, la lenteur du gouvernement est en faveur de l’entreprise, puisque le candidat sera lié à vous pour trois ans, ou presque;
- Le travailleur étranger temporaire s’est investi dans cette aventure (frais d’installation, démission et perte d’ancienneté, etc.) et ne reviendra pas vers son pays d’origine bredouille, surtout pour les Tunisiens et les Maghrébins en général, sauf cas particuliers;
- En ce qui concerne les travailleurs étrangers temporaires tunisiens, ils parlent très bien français, du moins ceux recrutés par Vitae. Ceci facilite énormément leur intégrabilité et optimise la communication avec les autres membres d’équipe.
Et, bien entendu, vous changerez la vie d’une personne qui partagera sa reconnaissance partout dans votre entreprise!